jeudi 22 août 2013

J-355 : Fight Club et les solutions de nettoyage pour lentilles.

Août. Lundi. Neuf heures trente du soir. Je me prépare psychologiquement à recommencer la semaine, avec l'impression que le week-end est passé à toute vitesse, sans que je puisse vraiment en profiter.
Je cherche à m'évader, m'extasier. Le départ me semble à la fois si loin et si proche à la fois. Mon dossier d'expatriation prend du retard. J'étais sensé envoyer le tout début août, mais la scolarité de la faculté étant fermée, je vais  devoir attendre encore une semaine. Foooke.
Le vague à l'âme, je compte les jours, avec cette sensation nauséabonde de ne pas être à ma place. En escale dans mon propre pays, j'observe les trajectoires individuelles, motivées par le souci du soi et l'effondrement du vivre ensemble. 
Installé à la terrasse d'un café d'un des terminaux de l'aéroport imaginé, je regarde les informations diffusées sur un vieil écran. Marie-Claude Bompard, élue de la République, refuse de marier un couple homosexuel, soit disant incompatible au regard de sa religion. Elle encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et peut être condamnée à une amende de 75 000 euros. Cela choque-t-il les élites, la garde des sceaux ? Non, bien sur, ils sont trop occupés à vernir leur image, à parader, comme on l'a vu durant les journées d'été, d'Europe Ecologie.
La rhétorique, la fumisterie, la démagogie, l'implacable manipulation des masses, ne cesse de crever l'écran. Le peuple, au même instant, s'abreuve de faits divers que la télévision voudra bien leur servir, et lorsqu'un "vieux" se fait assassiner en pleine rue, c'est l'apparence du courage et l'injustice vécue par cette famille qui est récupérée.
Ainsi, deux petits malfrats à scooter, tuent un homme - sûrement sous le coup de la panique - et les masses s'agitent, le ministre de l'intérieur Manuel Valls, en personne, salue d'ailleurs la "bravoure" du sexagénaire, rappelant au passage, les moyens mis en oeuvre pour rechercher son complice. Démarche écoeurante, ridicule et pathétique.

A l'opposé, la "pharmaco-délinquance" qui touche beaucoup plus de français, aux travers les médicaments qu'ils ingurgitent, reste définitivement sous silence (3). Ces enjeux, beaucoup plus profonds, échappent au plus grand nombre, aux profits des cadres de ces grandes compagnies et des hommes politiques courtisés par les lobbystes. Les délinquants de la ville de Marseille monopolisent de fait, tout l'espace audiovisuel et les titres, d'une presse écrite généraliste médiocre. Mais qui se soucie des pressions qu'Irène Frachon à subit durant ses investigations ? Qui se soucie des morts liés au Médiator ? Qui se soucie de ces familles qui ont perdu un proche. Pourquoi personne n'a donc organisé de marche blanche en leur honneur ? 
Qui se souvient des coupables derrière les affaires liées au Distilbène ? à l'Isoméride ? au Vioxx ? Alors que la rémanence populaire ne fait jamais défaut, lorsqu'il s'agit d'assassins célèbres, tels que Guy George, Marc Dutroux et j'en passe. Le sensationnalisme populaire règne en maître.
Pourquoi Manuel Valls ne fait-il pas un discours sur le courage et la pugnacité d'Irène Frachon ? Pourquoi Christiane Taubira, au lieu de citer Césaire, ne poursuit-elle pas ces maires qui bafouent le droit et participent de facto, à la discrimination que subissent régulièrement les homosexuels ?

Je rêve définitivement "d'ailleurs", devant un pays qui n'a pas l'envie, ni le courage de se renouveler. A coté de moi, il y a une femme qui fume une E-cigarette, elle vapote comme on dit. Pas de bol, Il parait qu'elles émettent aussi des substances nocives. "Oui, et ?", ai-je envie de dire. 
Mais surtout, on se demande pourquoi l'ANSM ne statut pas clairement sur le sujet. Pourquoi l'analyse de ces vapeurs, maintenant déclarées toxiques, se retrouve au mains d'une revue comme 60 Millions de consommateurs ? Pourquoi l'Etat est-il systématiquement hors-sujet, à la traîne, à la ramasse ?

Il y a une pharmacie dans l'aéroport. C'est d'ailleurs là, qu'elle a trouvé sa cigarette électronique. La profession, arc-boutée sur ses soi-disant principes de protection des patients, n'a en réalité aucune vergogne à vendre des dispositifs médicaux non contrôlés. La profession m'ennuie, m'aliénant chaque jour un peu plus et consumant les quelques précieux neurones qui me reste. J'ai envie de me sentir exister. J'étouffe, j'ai la "nausée".

Je discute encore un peu avec cette jeune femme. Je la trouve plutôt sympathique. Elle aussi un bac plus six en poche et rêve de quitter la France, pour les mêmes raisons d'ailleurs. Le monde est petit. Je remarque ses lentilles de contact. J'aimerai faire connaissance et lui parler d'autres chose, mais c'est plus fort que moi. Je lui demande alors, quelle solution de décontamination utilise-t-elle ? Elle m'avoue utiliser Renu, mais que dans la précipitation, elle aura oublié son flacon. Pas de panique, la pharmacie de l'aéroport lui aura aussi vendu un petit coffret "spécial voyage", avec à l'intérieur, une solution multiusage. Mais le fait est, que ces solutions posent en réalité problème. Un problème de taille même. 

Les pharmaciens oublient parfois les responsabilités pénales auxquelles ils sont soumis. A ce titre, il serait ainsi judicieux de rappeler qu'ils sont responsables des dispositifs médicaux qui transitent dans leur pharmacie. Le commercial qui aura proposé une bonne remise pour ce lot de solution multiusage "spécial voyage", a-t-il commenté les propriétés intrinsèques de son produit ? Et les pharmaciens qui proposent ces solutions, regardent-ils autre chose que le prix d'achat et les remises proposées ?

Plusieurs publications ont démontré la toxicité des solutions multiusages pour lentilles, sans que le grand publique ne soit forcément au courant. Si elles sont assez commodes, les conservateurs qu'elles contiennent, par exemple les ammoniums quaternaire (benzalkonium chloride, polidronium chloride) ou encore les biguanides, entraînent une toxicité cellulaire et une apoptose des cellules cornéennes à l'origine souvent d'une sensation d'inconfort. Enfin, ces solutions (Renu, Optifree, Jazz,etc.) peuvent être à l'origine de kératites microbiennes nécessitant parfois une hospitalisation et d'autres effets secondaires, parfois graves (1). Qui le sait ?
Les pharmaciens s'en soucient-ils ? La logique étant que si ces produits sont en vente, c'est que ces derniers peuvent bien les vendre. La notion de balance bénéfice-risque échappe encore une fois aux autorités de santé, qui placent le dispositif médical sous statut spécial, nécessitant moins de contrôle. L'affaire des prothèses PIP étant le symbole de ces lacunes.
J'ai la conscience tranquille, je n'ai jamais délivré de solution de ce type. A la place, on préféra les solutions à base de peroxyde d'hydrogène (oxysept, aosept), dont l'efficacité sur les agents fongiques est meilleure, sans effets secondaires notables (2).

Pour me sentir vivant, peut-être devrai-je m'inscrire dans un fight-club, la douleur me rappellerai ainsi, la réalité de mon existence. Pas sur en revanche, que la douleur soit un subterfuge à l'ennui. La révolte, la volonté de changer les choses, sûrement. Tyler Durden aura d'ailleurs exploré cette voie. Mes amis, ma famille, ne sont plus sous solution multiusage, c'est déjà ça. Les lecteurs de ce blog aussi, espérons le. Quid du reste de la population ?
Sans être schizophrène, me voila donc bloqué en transit, dans cet immense aéroport. Je scrute l'heure de mon vol, l'escale semble interminable, mais dans cet effroyable gaspillage temporel, le lieu semble encore propice aux rencontres, aussi fugaces soient-elles. Point de fatalisme, l'envie de connaître l'autre m'anime encore un peu, le salut se trouve encore et toujours dans "la" rencontre, dans "la" bonne discussion. Ici, j'aurai au moins sauvé en partie, ses yeux. Je me sens rassuré, je ne suis pas le seul à vouloir partir. Peut-être ne me reste-t-il enfin, qu'à mettre des gants Mappa.




2. Pinna A, Usai D, Zanetti S, Thomas PA. In Vitro Efficacy of Contact Lens Solutions Against Various Corneal Fungal Isolates. J Ocul Pharmacol Ther. 2013 Apr 25


3. Michel de pracontal.Irène Frachon, le médecin qui découvrit la « pharmaco-délinquance ». Médiapart. 23août 2013.



Fight club de David Fincher, 1999

dimanche 11 août 2013

J-356 : The wolf of wall street et le méthylphénidate.

Journée ordinaire en France. Des agriculteurs jettent des milliers d'oeufs pour protester contre un prix de revient trop bas, les ministres jouent à se tacler, tout en oubliant les missions qui leur incombent, on découvre aussi les 27 millions d'euros de la réserve parlementaire, distribués en toute opacité.

Une journée ordinaire dans le monde. Usain Bolt gagne la finale du 100 m des Championnats du monde de Moscou, alors même que le pays s'enfonce dans une forme d'homophobie d'Etat (1). Au Royaume-Uni, personne ne semble plus s'offusquer du "contrat zéro heure", laissant toute latitude à l'employeur pour décider des horaires de l'employé, alors que dans le même temps, l'appétit sensationnaliste des médias se déchaînaient en toute logique sur la jeune Kate Middleton. C'est aussi la reprise de la ligue 1, le Paris Saint-Germain et son transfert à 64 millions d'euros, le début de la PACES et son bal de prépas privés (2).

- "Dieu est mort", disait Nietzsche dans Le Gai Savoir, et devant l'effondrement de toute morale chrétienne, le capitalisme désormais, triomphe, écrasant toute la concurrence. Les élites parlent souvent de le "moraliser", comme ci l'entité pouvait se laisser apprivoiser, dompter. En réalité, celui-ci existe maintenant par lui-même, et pour lui même. Son appétit sans cesse renouvelé, dicte chaque jour un peu plus, la conduite des Etats, dont les dirigeants ne semblent être que des pantins.
De la même façon que les civilisations précolombiennes pratiquaient le sacrifice humain, notre civilisation hypothèque le bonheur de ses propres enfants afin assouvir l'appétit d'un monstre capitalistique qui n'a pas de visage. La peur qu'il incarne, peur du chômage, peur du vide, peur de la non substantialité matérielle, pousse les parents à transférer leurs propres angoisses à des enfants qui désormais somatisent très tôt. Les pédopsychiatres reçoivent parfois en consultation des élèves du primaire, avec à la clé une ordonnance de ritaline (méthylphénidate), lorsque ce ne sont pas des élèves de maternelle, expliquant au médecin avec leurs mots "qu'à l'école, il faut "cravailler", sinon on n'aura pas un bon métier" (3).

 Comment trouver un sens à son existence, quand chaque journée nous semble être un éternel recommencement, qui n'a de sens, que la perpétuation d'un système capitalistique hideux ?
Au départ, l'enfance rencontre l'ennui, ceci au travers un système scolaire français qui ne saura jamais rien offrir d'autres, qu'une autorité toute puissante et formatrice, éclatant au passage, toute forme d'idéation et les potentialités de chacun. Personne ne s'offusque, ni ne s'étonne lorsque les enfants déclarent s'ennuyer à l'école.
Les adultes trouvent même cela "normal", l'ayant vécu avant eux. Ken Robinson dans son exposé "changing education paradigms", décrit magnifiquement les effets catastrophiques d'un tel système éducatif sur la jeunesse d'une nation. La vidéo est disponible sur le lien suivant : http://www.youtube.com/watch?v=zDZFcDGpL4U
Et lorsqu'on ose évoquer la concertation ou la reforme des rythmes scolaires, c'est tout le lobbying hôtelier, ainsi que les syndicats d'enseignants qui protestent, au mépris de l'épanouissement des enfants.

Si un étudiant me lit, j'aimerai lui dire : 
- Ne fais pas ça. Ne t'inscris pas en pharma', à moins que tu n'aimes l'ordre, les choses établies, et l'autorité. Si c'est le cas, alors tu aimeras sûrement cette forme absolue de soumission et tes pairs sauront te récompenser. T'inscrire en pharma' c'est renoncer à réfléchir, et après la mort de dieu, ça sera la mort de ton esprit. Si tu arrives au bout, le diplôme en poche, tu comprendras l'abjecte vérité, celle du temps volé et ta lente transformation en un agent économique, au service des marchés.

On se demande parfois si l'humanisme a encore sa place, dans un univers dominé par le profit et ou les individus ne sont que des agents économiques. La "santé" ne déroge pas à la règle, que ce soit les visiteurs médicaux, les laboratoires pharmaceutiques, les établissements de santé publique, la tarification à l'acte, cet écosystème se doit aujourd'hui d'être rentable. L'innovation se raréfie, les molécules réellement innovantes se font attendre, le risque, l'audace, s'effacent quand de nouveaux domaines comme le market access, apparaissent et se développent.

L'individu et sa pathologie sont relégués au second rang, tout est prétexte à la monétisation, aux parts de marché. Le DSM-V - bible de la psychiatrie - ne cesse d'inventer, d'imaginer de nouvelles maladies, terreau fertile à des "big pharma" qui recycleront de vieilles molécules éprouvées. Dans cette équation généralisée, l'étudiant, puis le jeune diplômé junior, ne sera qu'un maillon, un rouage qui n'existera que parce que le marché à besoin de lui. Notre société, incapable d'une vision à long terme, s'enfonce dans le court-termisme d'une logique financière, forcement assassine pour sa jeunesse.
Jonas Salk, dans les années 50, inventait le vaccin contre la poliomyélite. Naïf ou éthique, il choisissait de ne pas breveter sa découverte, renonçant selon les estimations à un bénéfice de 7 milliards de dollars. En 2013, la recherche ne semble pas être une priorité. Dans les facultés, les étudiants abandonnent toujours un peu plus l'idée de changer le monde. Les rêves s'éteignent, année après année, au profit d'un pragmatisme économique. Il faudra chercher "le bon Master", pour décrocher "le bon stage", pour décrocher "le bon job", aussi chiant soit-il. La faute à des structures de recherche sous financées, et n'offrant que peu de places.

Les Jonas Salk sont mort. Place aux requins de la finance. Bill Gates, autoproclamé "philanthrope", aux côtés de GSK, auront investi respectivement 200 et 300 millions de dollars dans un vaccin contre le paludisme. Le président de la firme GSK, Andrew Witty, annonce sans gène, projeter un petit profit de l'ordre de 5 %, pour ne pas décourager la recherche, selon lui. Cynisme total, encore et toujours, pourquoi s'en priverait-il ?(4)
La magnanimie n'est plus de ce monde. Les talents, les individualités courent vers la rentabilisation de leur intelligence, et la maximisation des profits.
Sans parler de Bill Gates, c'est le principe de rareté qui prédomine. L'offre et la demande dit-on, si on se réfère aux principes du capitalisme.
Ainsi, certains médecins "mercenaires" n'hésitent pas à se faire payer 3000 euros les vingt-quatre heures de garde, raconte le directeur de l'hôpital de Vienne. En général, cela tourne aux alentours des 1 400 euros les vingt-quatre heures incluant la garde, si on se focalise sur la spécialité d'anesthésie-réanimation ou de la médecine d'urgence (5).

Basculement des valeurs, entre un Jonas Salk crachant sur 7 milliards et un "mercenaire" à 3000 euros/jour. "Il n'y a rien de honteux à cela", dit une jeune médecin dans entretien paru sur le monde.fr. Effectivement, mais sa petite entreprise intellectuelle n'existe que parce que les gouvernements successifs ont maintenu cette rareté. Le numerus clausus, cousin lointain des concours des grandes écoles, participe chaque année au maintien d'une caste, jouissant d'un savoir médical et s'appropriant son exploitation, manifestement de plus en plus dérégulée. Logique des marché, encore.

"Il n y a rien de honteux à cela", "une envie de liberté", "travailler moins, pour gagner plus", la même attitude égoïste, le même trait narcissique et individualiste, consistant à croire que sa prospérité légitime ; est légitimée par un concours ouvert à tous, ne se faisant donc, sur le dos de personne.
"Elle ne l'a pas volé", pourrait t-elle presque dire.

Qui rêve encore de changer le monde ? Pfff, c'est tellement has been.
Les contingences des lois du marché, imposent nécessairement l'individualisme. La coopération ne peut exister en l'état. Les concours obligent les jeunes à concevoir la vie comme une infinie compétition. Compétition dès la fac, compétition aux entretiens d'embauche, compétition une fois en poste. La notion de développement durable explose devant une logique financière implacable. Les dominants et leur progéniture ne s'y trompent pas. Les grandes écoles font le plein, la meute effrayée par tant d'incertitudes, cherche à tout prix une place dans le haut du panier. L'école polytechnique - l'X-, l'École normale supérieure, L'École des ponts, l'École centrale, ne forment pas des prix Nobel, non, ils se content de s'adapter et offrent les meilleures formations en mathématiques financières (6). Les jeunes et brillants esprits de notre nation, ne rêvent plus d'absolu. La bulle matérielle et la sécurité financière deviennent le nouvel idéal, où l'appartement parisien, la nouvelle voiture, le dernier téléphone, cristallisent le sentiment du succès. 
A cette jeune médecin "mercenaire", à ces jeunes apprentis traders, j'ai envie de dire :
-"Peut-être n'avez vous pas honte, certes. Reconnaissez néanmoins que le mérite ne vous en revient pas. Qu'à la loterie génétique vous avez été bien loti, et que votre subsistance n'est possible, que parce que votre caste l'a bien consentie. Vous devez tout à vos parents."

Pour ceux qui ont encore une once de rêve, ceux dont je me sens proche, j'ai envie de dire, unissons nous, luttons, à notre échelle. Cultivons le Bien, le Beau et le Vrai (Platon). Commençons donc, et n'achetons pas d'iphone, n'obligeons pas nos enfants à faire une prépa', méprisons GSK, pleurons ceux qui vivent par et pour leur travail, vomissons sur ces médecins "mercenaires", ces traders...

Car si le capitalisme et ses loups ont déjà tout achetés, y compris notre temps, et nos vies, il est une chose qui demeurera, ce sont nos idées et nos rêves.




Bibliographie : 

1. Depêche AFP, "Russie : Poutine promulgue la loi contre la "propagande" 
    homosexuelle", lenouvelobs.com, 2013.
     lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20130630.AFP8023/russie-poutine-signe-la-loi-contre-la-propagande-homosexuelle.html


2. Isabelle Rey-Lefebvre, "Le tutorat des étudiants en médecine s'organise face 
    aux prépas privées." Lemonde.fr, 2013.
      Lien : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/06/le-tutorat-des-etudiants-en-medecine-s-organise-face-aux-prepas-privees_3457942_3224.html

3. Martine Laronche, "Elèves trop stressés : la faute aux parents?".
    Lemonde.fr, 2013.
      Lien : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/04/13/eleves-trop-stresses-la-faute-aux-parents_1180067_3224.html


4. Le vaccin selon Bill Gates.
    Lien : http://www.youtube.com/watch?v=bxGN3NiS6aU

5. Laetitia Clavreul. "Médecin mercenaire ? "Il n'y a rien de honteux à cela". 
    Lemonde.fr,2013.
    Lien : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/12/medecin-mercenaire-il-n-y-a-rien-de-honteux-a-cela_3460251_3224.html



6. Isabelle Rey-Lefebvre. "Les formations à la finance se réinventent avec la 
    crise". Lemonde.fr,2013.
    Lien : http://www.lemonde.fr/education/article/2013/01/30/les-formations-a-la-finance-se-reinventent-avec-la-crise_1824389_1473685.html





"The Wolf of Wall Street", de Martin Scorsese, 2013.

mardi 6 août 2013

J-357 : Fémara, les préparateurs, la mine de charbon et "la Route" .

Nous avons bien avancé aujourd'hui. Au fond de la mine, l'air chaud, le souffle court, nous creusons un peu plus. La pioche m'écorche les mains, j'ai le visage plein de suie. De l'autre coté de la galerie, je vois mes amis, le visage en sueur, le regard vitreux, l'air hagard. Une journée de plus à la mine...

Je cligne des yeux, et sors de ma torpeur. Le décor ne change pas tellement. Je suis catapulté en officine. Il pleut aujourd'hui, chouette, il y aura moins de monde. Ça me laissera enfin le temps de lire les articles qui s'accumulent sur mon bureau. J'essaye de ne pas trop focaliser mon regard sur un endroit spécifique, ça pourrait me donner la nausée.
L'endroit m'écoeure, je tourne la tête. Il y a à gauche un mur remplit de grossières conneries, du "top slim" ventre plat, des draineurs, des substituts de repas, des eaux de toilettes. Je tourne un peu plus. Le décors défile, et avec lui, son lot d'absurdité. Un sac de plage, "offert" pour l'achat de produits solaires, une peluche, des galets pour huile essentielle, un authentique "Elixir de marabout", un "Philtre légendaire et centenaire" et des médicaments OTC, évidemment.

La "chef" est toujours en vacance, je me retrouve avec 2 préparatrices et un préparateur.   
Enfin, "assimilé" préparateur, ayant raté le concours du brevet professionnel. Peu importe, il est dans l'équipe depuis 15 ans, et cela ne semble pas gêner le pharmacien titulaire. État de fait donc, mais aussi tolérance des autorités de santé et des inspecteurs en pharmacie - sous dotés - qui semblent fermer les yeux sur une tradition française, encore une.
Mélange des genres, où les rôles, missions et fonctions de chacun, s'entrecroisent, s'entrechoquent et finissent par s'annihiler. Au sens littéral, le préparateur "prépare". Sa mission première, celle qui lui est intrinsèquement dévolue, consiste en la préparation des médicaments, mais avec l'avènement de l'industrialisation et l'essor de la chimie, celle-là aura disparue, cannibalisée par l'émergence des spécialités toute faites.
Mais nécessité fait loi et les pharmaciens titulaires auront donc logiquement impliqué les préparateurs au comptoir, assassinant par là même, leur propre identité.

Car, il ne suffit pas de mettre un badge, une chemise ou une robe pour se démarquer de la blouse blanches des préparateurs. La simple dichotomie vestimentaire n'a jamais servie à délimiter les rôles en pharmacie, puisque les éléments qui y officient remplissent la même fonction. C'est un constat et une forme de laxisme généralisé. Lorsqu'une préparatrice ou un préparateur, délivrent au comptoir, ils font non seulement un acte qui n'est pas de leur ressort ; plus grave encore, ils vident l'acte pharmaceutique lui même de toute sa substance.
La tarification assistée par le logiciel, la lecture de l'ordonnance, ainsi que la libération des boîtes, si elles se font dans le bon ordre et dans le respect des attentes de la sécurité sociale, posent en réalité problème, celui de l'analyse pharmaceutique.
Le pharmacien titulaire, en tolérant cet état de fait se dérobe aux impératifs, et fait fi des responsabilités qui lui incombent. Pour le patient qui se pointe à l'officine c'est comme jouer à la roulette dans un casino. Il aura une chance sur quatre de tomber sur un pharmacien, mais à ses yeux, la perte de chance ne sera pas forcément apparente, puisqu'en rentrant dans une officine il pensera nécessairement bénéficier, de façon légitime d'ailleurs, d'une qualité d'analyse égale, et supposée présente, une fois le comptoir atteint.



La journée continue, j'entends les préparatrices débiter des inepties, relais des laboratoires pharmaceutiques venus prêcher la bonne parole sur tel ou tel nouveaux produits ; j'assiste désabusé, attristé, au spectacle de la pensée unique et aux méfaits d'un marketing ciblé, associée à une confiance aveugle en leur expérience "biaisée" du comptoir.
Conseiller depuis 15 ans de la cortisone en crème pour soigner les piqûres de moustiques, ce n'est pas faire preuve de son efficacité, pas plus que conseiller systématiquement la Biafine en présence d'une brûlure, celle-ci n'est d'ailleurs pas plus efficace qu'une simple vaseline officinale.
L'erreur est fréquente chez les patients. Allez à la pharmacie, c'est aller chez "LE" pharmacien, peut importe l'interlocuteur auquel il ou elle, s'adressera. 
Le champ d'application des responsabilités est un problème essentiel, qui ne semble pourtant gêner personne.

Je me sens seul au fond de cette mine ou les bruits de pioches et les roulement de bennes, masquent le paradoxal silence des esprits. J'aimerai partager la lecture de mes articles avec mes collègues, développer des idées, revenir sur certains protocoles de soins, casser certaines certitudes, mais elles préfèrent parler "vacance".
Dans cette galère je ne suis pas seul, et mes amis se cassent eux-aussi le cul à creuser. Chacun sa peine. Dr.B, me raconte lors d'un dîner :

- Envie de baffer cette putain de maquerelle de P.R (pharmacien responsable)

Mon amie, Dr.B, pharmacienne junior dans l'industrie pharmaceutique, prend cher. Les pervers, tout comme les perverses narcissiques, scotchés à leur poste de senior, délèguent et ne cessent de mépriser une jeunesse qui ne fait que récupérer des miettes, au travers la gestion de taches et de dossiers moribonds et insignifiants, quand ils ne passent pas des entretiens d'embauches révoltants.

On creuse, on creuse, la journée n'est pas encore terminée.

Mes camarades et moi-même aurions pu être destinés à de grandes choses. Dr.B a eu 20 en chimie organique la premier année. Brillant, rapide, un esprit vif, qui aura rapidement compris l'imposture aussi en deuxième année, et qui aura petit à petit perdu la flamme, le feu sacré. Puis un cursus classique et un "diplôme en ennuis mortel", avec le sentiment parfois d'être passé à coté de grandes choses. Dr.C a suivi aussi le même parcours, avec l'obligation maintenant de payer son loyer et de ne plus être nécessairement libre. Ils creusent en silence et avec dignité, attendant la gamelle du soir et la douche chaude, apaisante.

Je cligne des yeux, me revoilà catapulté à mon officine. Une femme entre, et me ramène 20 boites de compléments alimentaires pour nutrition entérale suite à une hospitalisation à domicile. Extubée plus tôt, elle peut se nourrir de nouveau, et ces 20 boites sont maintenant destinées à la destruction. Je repense aussitôt à la photo de Kevin Carter, où cet enfant squelettique se traîne par terre, avec en toile de fond, un vautour, près à lui sauter dessus (1). J'essaye de comprendre le déphasage, l'absurdité de cette époque, l'égoïsme et le cynisme constant de nos élites. Pourquoi cet Homme que Hobbes décrit, est-il nécessairement un loup ? 

Une fois ma douche chaude prise, je ne peux me résigner à penser à autre chose. L'absurdité m'obsède. J'allume la télévision un instant. Roselyne Bachelot, Docteur en pharmacie, et ancienne ministre de la santé jusqu'en 2010, apparaît dans un jeu télévisé sur Canal Plus, au coté de la présentatrice Maïtena Biraben, résumant ainsi l'étoffe et l'héritage crépusculaire de nos élites.
Je m'amuse enfin, à calculer le "chiffre d'affaire humanitaire" gaspillé. 
Résumons, 20 boites de Peptamen® (nutrition entérale), comptons aussi, ces deux patientes nouvellement mises sous Femara® (létrozole), un médicament utilisé comme traitement adjuvant dans les cancers du sein, à 116 euros la boite, sept fois plus cher que le tamoxifene, ayant la même indication, sans supériorité démontré, soit une dépense supplémentaire de 1200 euros/an, par patiente, sans avantages démontrés (2).

Les visiteurs médicaux auront eu ici à coeur de faire leur travail, celui-ci se faisant exclusivement au "détriment des intérêts des patients, des caisses d'assurances maladie et de la gestion des risques sanitaires" (3). Les médecins s'estimeront toujours indépendants même si toutes les données de la littérature médicale prouvent le contraire, mais à force de saigner la bête, celle-ci - l'assurance maladie - finira par tirer sa révérence. Et peut-être un jour, suivrons nous l'effroyable destin Grec, ou les patients ne bénéficient plus de couverture maladie après un an de chômage. Peut-être alors, verrons nous aussi à notre tour, des histoires comme celle d'Elena, souffrant d'un cancer du sein métastasé, et ne pouvant s'offrir une chimiothérapie faut de couverture sociale, ou encore ces patients qui ne pourrons bénéficier d'Erbitux, celui-ci n'étant plus livré en Grèce à causes des retards de paiement récurant. Rêvons d'un choc, d'une prise de conscience salutaire, d'un humanisme éclairé et retrouvé, car à ce rythme là, The Road,  le roman post-apocalyptique de Cormac McCarthy ne sera plus une fiction.





1. Pauline Auzou, "Une si pensante image", lemonde.fr 2013

    Lien : http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/07/26/une-si-pesante-image_3454254_3246.html

2. Létrozole- fémara- Cancer du sein : pas d'avantage en traitement adjuvant de 1re ligne. La revue prescrire 2007; 27 (282) :250

3. Eric Favereau, "Du poids du visiteur médical sur l'ordonnance." Libération.fr, 2012


4. Liz Alderman, "Amid Cutbacks, Greek Doctors offer message to poor : You are not alone." the new york times, 2012.


Lien :  http://www.nytimes.com/2012/10/25/world/europe/greek-unemployed-cut-off-from-medical-treatment.html?pagewanted=all

   En français : http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2964101-les-robin-des-bois-de-la-medecine-grecque






































La route, de John Hilcoat, 2009

jeudi 1 août 2013

J-358 : L'effet papillon, Zithromax et le cholécalciferol.

Vendredi soir, 22h45. La semaine n'est pas tout à fait terminée, loin s'en faut. En musique de fond, une nocturne de Chopin contraste avec le bruit strident des pots d'échappements trafiqués. Les dealers sont de sortie comme à leur habitude. La chaleur elle, laisse place petit à petit au tonnerre, annonçant ainsi un bel orage d'été. Je commence l'écriture de ce billet, essayant de rassembler quelques idées, mais la fatigue l'emporte. Je reprendrai demain.

Samedi soir, 23h03. Le moment de coucher quelques pensées. La "big boss" est en vacance, dans sa résidence secondaire. Moins surveillé, je suis pourtant pleinement conscient des responsabilités qui m'incombent. L'occasion aussi, d'exercer l'art de la pharmacie comme je l'entends.
Je regarde discrètement ma montre, les heures passent et les patient défilent, avec l'impression parfois, de revivre éternellement la même journée. Une routine pesante, étouffante, qui commence immanquablement par la levée du rideau de fer, et le démarrage du logiciel. Des inconditionnels attendent fréquemment l'ouverture dès 9 h, souvent pour des broutilles. Ce matin, la première patiente me tend une ordonnance pour 2 boîtes de zolpidem (un hypnotique) et s'en va aussitôt. J'essaye de ne pas la regarder dans les yeux, une forme de mépris, de dédain pourrait m'envahir, et je n'ai pas envie de commencer la journée par un sentiment aussi malsain. 

10 h, je socialise un peu avec les préparatrices. Elles sont profondément gentilles, loyales et sincères. La chef les a formatées, conditionnées, pour offrir un service pharmaceutique décent. L'accueil qu'elles réservent aux clients est souvent parfait, et devant tant de courbettes, les clients ne s'y trompent pas et se dirigent donc droit vers elles, sans même me prêter attention.
La confidentialité n'existe pas ou très peu en officine, c'est une sorte de place publique, un agora. J'assiste donc souvent, et ce malgré moi, à la valse quotidienne des commentaires populistes, racistes et parfois homophobes.
J'aimerais être exempté de ce grotesque, de ce pathétique, la faute malheureusement à ces comptoirs hideux, collés les uns aux autres, de sorte que la délivrance devient plutôt une représentation, une audience, s'éloignant de l'entretien confidentiel, transformant ainsi l'espace en un véritable "comptoir de café médical".

Pire que la routine, l'aliénation. L'acte de délivrance plonge petit à petit celui qui s'y attache, dans un processus de dépersonnalisation lié à la répétition des actes de facturation. Au lieu de créer de la valeur ajoutée, la délivrance déconstruit l'être et le sens même de notre existence. Suis-je formé pour réfléchir ou ma vie n'a t-elle de sens en tant qu'agent économique, que la pression successive de la touche "entrée" ? A quoi me servent donc mes connaissances si "scanner" les ordonnances importe plus que mon analyse pharmaceutique ?  L'interrogation, le talent, la personnalité, s'effacent devant le code de l'opérateur et son objet : la facture. L'essentiel résidant dans le remboursement par la sécurité sociale, lui même conditionné par la gestion parfaite, des dites factures. Le reste n'a finalement que peu d'intérêt.

Milieu de journée, je respire profondément, j'essaye de trouver une branche à laquelle m'accrocher. Il en va de la survie de mes neurones et de ma personnalité. Je ne me laisserai pas ainsi déposséder de toute mon essence. Car, c'est véritablement l'inauthenticité de ma propre existence qui me guette d'un coin de l'oeil.
Il est difficile de trouver un quelconque réconfort intellectuel et la journée brille par sa platitude.
Il y a ce couple qui vient pour la troisième fois cette semaine et qui me glisse une énième ordonnance d'homéopathie. Je ne possède malheureusement pas les souches demandées, il faudra donc les commander. Je ricane ou je pleure intérieurement, peut-être bien les deux, devant tant de croyance et de naïveté. Cette fois-ci l'homéopathe leur a prescrit les souches suivantes : rayons x 9 CH , gun powder - poudre à canon - 12 CH et zones pileuses 6 CH.
Je ne fais aucun commentaire et délivre l'ordonnance aussi vite que possible pour me débarrasser d'eux. Des rayons x en granules ? Il fallait tout de même oser, et que dire "des poils" sucrés...

Au même instant, un homme entre et siffle en attendant son tour. Trois personnes attendent déjà avant lui, je suis moi même avec une patiente atteinte d'un cancer du sein. Début de sa chimiothérapie, je lui explique doucement les effets secondaires à venir. Au même instant, l'imbécile heureux continue de siffloter, n'imaginant pas le délicat de la conversation dans laquelle je suis. En fait, j'aimerai bien le lui dire moi, de fermer sa putain de bouche, mais d'après ma chef : "le client est toujours roi", alors il a bien le droit de siffler. 
La patiente cancéreuse finit par s'en aller. Au tour de l'imbécile. Je déchiffre facilement son ordonnance et le mal de  gorge dont il souffre ainsi que le déficit en vitamine D. Par conséquent, je lui délivre la dixième boite d'azithromicine ainsi que la quarantième boite d'uvedose de la journée. Et, pendant que je clôture financièrement son dossier, le client d'une haleine fétide s'autorise une tirade sur le scandale supposé des médicaments génériques. Encore une fois je ne dis rien.

Le balais incessant des ordonnances toutes identiques à quelques détails près, finit par me donner la nausée. La platitude des commentaires, ainsi que le va et vient incessant des tiroirs à médicaments délivrant toujours les mêmes kardegic, tahor et autres inexium, finissent enfin par me faire rêver d'une autre vie.
Ashton Kutcher dans l'effet papillon, a le pouvoir de revenir en arrière et de changer le court de sa vie. Une telle attitude si elle a le mérite d'être romantique au cinéma, ne peut pas trouver un écho dans la vraie vie. On lui préférera en réalité l'extrait suivant, tiré du poème the laughing heart de charles Bukowski (1) : 

"your life is your life  
 don't let it be clubbed into dank submission. 
 be on the watch.
 there are ways out.
 there is light somewhere.
 it may not be much light but
 it beats the darkness.
 be on the watch..."

" Ta vie est ta vie.
   Ne te laisse pas abattre par une soumission moite.
   Sois à l'affût.
   Il a des issues. 
   Il y a une lumière quelque part.
  Pas bien forte peut-être mais elle chasse les ténèbres.
  Sois à l'affût..."

La lumière n'est jamais très loin pour peu qu'on ait le courage de la voir, de la suivre. En fin de journée, il y avait cette jeune femme, qui sortait de la maternité et qui avait fait le choix de ne pas allaiter. Une sage-femme lui avait néanmoins prescrit de la bromocriptine (parlodel), un médicament utilisé pour freiner les montés de lait.
La logique aurait voulu que je délivre cette boîte sans sourciller, le médicament ayant une AMM. C'est pourtant dans ces petits instants que l'on choisi qui nous voulons être.
Face à cette jeune maman, j'oubliais le dégoût, la fatigue, et l'ennui. Elle méritait une information loyale, le traitement impliquant un dérivé de l'ergot de seigle provoquant souvent des vertiges, nausées, vomissement et des hypotensions, sans parler du risque de complications cardiovasculaires et l'observation de cas mortels, ne justifiant pas l'emploi de cette molécule dans cette indication (2). 
Une fois expliqué les alternatives thérapeutiques, la jeune femme choisira finalement de ne pas prendre ce médicament, rappelant ici l'essence même de notre métier.

Un peu plus tôt dans l'après-midi, j'alertais une autre patiente sur des lésions étranges suite à une prise d'antibiotiques évoquant là, un cas de toxidermie associé à la prise de metronidazole et nécessitant une déclaration auprès du centre de pharmacovigilance.
Le médecin du centre régional de pharmacovigilance également investi dans la protection des patients éveillait chez moi un vrai sentiment de confraternité, un destin partagé dirigé vers la protection des patients. Une pause intellectuelle ou c'est véritablement le soucis de l'autre qui l'emportait sur toutes formes de considération marchande.


En conclusion, c'est l'humanité entière qu'on côtoie dans une pharmacie. Notre personnalité, nos façons d'être, qui nous sommes, se retrouvent dans nos rapports face aux médicaments, aux soins et à la mort. Le défi, si tant est qu'il en existe un, sera finalement de garder une once d'empathie pour son prochain et un intérêt pour l'Autre, dans un environnement bruyant, et aliénant qui n'aura de cesse que favoriser la perte du Soi et la perte d'envie. 
"Tu ne peux pas battre la mort, mais tu peux battre la mort dans la vie, parfois. Et plus tu apprendras à le faire, plus il y a aura de lumière. Your life is your life. Know it while you have it. You are marvelous, the gods wait to delight in you." Inspirons nous de ces quelques vers et visons donc une forme d'idéal. Un idéal ou notre indépendance ne serait pas hypothéquée pour un salaire, un idéal où l'intérêt des patients passerait avant tout et où nos intelligences trouveraient leur pleine mesure. Un idéal enfin, où nos idées seraient prises en compte.

- Soyons à l'affût.


3h47, le coeur léger, je m'en vais me coucher.




1. Charles Bukwoski, "the laughing heart", tiré du livre : Betting on the Muse : Poems and    
     Stories.

2. "Inhibition de la lactation : gare aux agonistes dopaminergiques", la revue prescrire 

      2010 ; 30 (325) :828

Extra Large Movie Poster Image for The Butterfly Effect

 The butterfly effect. d'eric Bess, 2004